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🏳️‍🌈 “Qui est le prochain” : la chasse à la communauté LGBTQ+ en Russie resurgit

Une fois de plus, les autorités russes ont bloqué la plateforme “Pila” qui “gamifie” l’exécution de personnes homosexuelles. Mené par l’organisation homophobe “The Saw”, le site russe a tout récemment dressé une liste de personnes qui seront tuées du fait de leur appartenance à la communauté LGBTQ+. Il m’a semblé important de relater les faits sur ce blog dans la mesure où la presse française a décidé de ne pas porter attention sur ces actes criminels.

L’activiste Yelena Grigoryeva assassinée

Connue pour ses actions menées en faveur de la communauté LGBTQ+ ou contre les violences faites aux femmes, la militante Yelena Grigoryeva a été tuée le 21 juillet dernier. Son corps a été retrouvé non loin de son domicile à Saint-Pétersbourg. Ce jour-là, Yelena Grigoryeva a été étranglée et poignardée à huit reprises.

Elle faisait partie de la liste montée par le groupement “The Saw”, qui récompense les auteurs d’actes anti-LGBTQ+. Leur plateforme invite à harceler, tabasser, enlever, voire livrer en Tchétchénie les personnes de cette liste, dont la photographie et les coordonnées sont accessibles contre quelques roubles.

C’est sur Facebook que le militant et ami de l’activiste, Dinar Idrisov, a annoncé son décès en précisant qu’elle avait subi quelques mois auparavant des violences ainsi que des menaces de mort. Il ajoute que plusieurs plaintes ont été déposées auprès de la police, mais celles-ci n’auraient rien donné.

Беда. В Питере снова убили гражданского активиста. Upd.+++ Елена Григорьева была похоронена сегодня на деревенском…

Publiée par Dinar Idrisov sur Lundi 22 juillet 2019

Enfin, toujours dans le même post Facebook, le militant rappelle qu’en janvier 2018, Konstantin Sinitsin, lui aussi activiste, a été retrouvé mort devant son domicile dans d’étranges circonstances.

“Who is next?” : le message relayé sur les réseaux

Soucieux d’agir pour la cause LGBTQ+, l’artiste russe Vlad Yashin a lancé le mouvement “Who is next?” -qui est le prochain ?- sur Instagram. Il invite les internautes à partager cette histoire “qui ne doit pas être étouffée, sans quoi ils continueront de tuer des gens en toute impunité”.

Rapidement, son post est partagé sur d’autres stories Instagram et des internautes postent des photos d’eux en reprenant le modèle de Vlad Yashin. Malgré tout, la couverture médiatique de ces actes reste marginale.

L’artiste indique que des personnalités LGBTQ+ comme Andrew Petrov ou Zhenya Svetski figurent sur la liste de “The Saw”. Ce dernier a publié une vidéo sur sa chaîne YouTube en faisant savoir qu’il subit régulièrement des menaces de mort de la part d’extrémistes anti-LGBTQ+.

La rafle anti-LGTBQ+ reprend en Tchétchénie

En 2013, la Russie a adopté une loi “anti-propagande gay” qui a lancé une nouvelle vague d’attaques contre des personnes appartenant à la communauté LGBTQ+. Ce mouvement est d’autant plus important en Tchétchénie, République russe dirigée par un chef à qui le Kremlin a laissé le champ libre pour réprimer à sa guise. C’est en 2016 que la purge LGBTQ+ a débuté dans cette région, mais le réseau LGBTQ+ russe recense des témoignages datant de la fin des années 2000.

BuzzFeed News a pu recueillir le rare témoignage d’un homme transsexuel tchétchène qui subit des menaces depuis le printemps 2018. Le modèle est le même que pour les personnes dont le nom figure sur la liste de “The Saw” : les auteurs des intimidations réclament une rançon pour faire disparaître la menace qui pèse sur les victimes.

Je rejoins Vlad Yashin sur le fait qu’il faille partager cela le plus possible sur les réseaux sociaux. Il faudrait également que la presse réagisse et s’empare du sujet pour empêcher que d’autres meurtres se réalisent. N’hésitez pas non plus à réagir en commentant cet article.

Samuel M

Jeune blogueur captivé par les nouvelles technologies et l'audiovisuel.

Lire les commentaires

  • Depuis la loi interdisant la "propagande homosexuelle" de 2013, la Russie (qui n'avançait déjà pas vite) recule sur les droits LGBT. Malgré les condamnations internationales, il n'y a là-bas aucune protection contre les discriminations.
    Sous prétexte de vouloir protéger les mineurs, on stigmatise une population qui ne demande qu'à vivre librement. La dérive est connue et pourtant le risque de la reproduire existe dans d'autres sociétés plus proches de nous.